HARSH REALM :

HARSH REALM arrive aujourd'hui, 10 octobre sur Série-Club. Mais les impatients peuvent déjà découvrir la saison Virtuelle en VO.

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DIANA

PARTIE 1

''CHANGER DE VIE''

Chapitres || 1 || 2 || 3 || 4 || 5 || 6 || 7 || 8 || 9 ||

 

1.

Un mouvement réveilla Scully. Elle tourna la tête et vit que Mulder venait d'attraper, sur la banquette arrière de la voiture, un sac contenant des sandwichs. « Tu en veux ? ». Le son de sa voix la réveilla tout à fait. Elle fit signe que non de la tête. « Plus tard, quand je serai vraiment réveillée.

- Très bien. Tu m'excuseras si je ne t'attends pas ? » Mulder commença alors à manger à grosse bouchée. Scully le regardait, tout en pensant à tout ce qui les avait menés là, tout ce qu'ils avaient vécu. Mulder portait encore sur sa tête un pansement qui attestait des horreurs qu 'on lui avait fait subir. Cette affaire était encore très proche ; Scully ne l'avait pas digérée. Le mécanisme traditionnel de rationalisation des événements n'avait pas encore opéré, la laissant sans le moindre début d'une explication sur ce qui venait de se passer, la laissant avec ses peurs.

Mulder allait mieux, c'était ce qui comptait vraiment. Il était en train de se remettre de son intervention « à cerveau ouvert », et il avait cessé « d' entendre » ce qu'il ne devait pas entendre. Scully jura en elle-même. Simplement penser le mot lui posait des problèmes. "Mulder lisait dans les pensées". Scully l'avait retrouvé inconscient, à demi mort, sur la table d'opération. Ce qui l'avait menée jusque là était une carte magnétique laissée sous sa porte par un mystérieux ami. Diana Fowley. Diana avait payé cela le prix le plus cher qu'on puisse payer. Elle avait donné sa vie. Ce qui expliquait la présence de Mulder et Scully dans cette voiture.

***

L'homme ne pouvait plus contenir son impatience. Il lança un juron. Quand donc allaient-ils se décider à quitter cette maison, à libérer l'accès ? L' attente durait depuis déjà plus de 8 heures. Il était 3 heures du matin, et ces imbéciles travaillaient encore. D'un certain point de vue cela ne faisait que renforcer son admiration pour Mulder. Qui d'autre que lui serait encore là, à attendre ? Qui aurait eu cette patience, cette dévotion ? Il détourna les jumelles de la maison pour se tourner à nouveau vers la voiture de Mulder et Scully. La voix de Mulder se fit soudain entendre dans son écouteur : « Qu'est-ce qu'il y a ?

- Comment ?

- Pourquoi est-ce que tu me regardes, Scully ?

- Rien, Mulder. Je pensais...

- ... A quoi ?

- A rien... A toi, à ce qui vient de t'arriver, de nous arriver. J'ai parfois le sentiment que nos vies ne cesseront jamais de se dérouler dans la douleur. »

Scully fit une pause, puis repris la parole. « Mulder, qu'est-ce que nous faisons ici ? ». L'homme jura à nouveau. Scully se lassait c'était mauvais signe. Il décida qu'il valait mieux courir le risque de se découvrir. Il sortit son portable. Hors de portée de l'oreille de Mulder et Scully, le téléphone sonna quelques secondes plus tard dans la petite maison de campagne.

***

« Tu le sais très bien, ce que nous faisons ici.

- Non. Je ne le sais plus. Nous sommes ici à attendre devant cette maison de puis des heures. Une simple petite maison dans la campagne où doit vivre une famille typique...

- Je ne connais pas beaucoup de famille typique ou le père reste éveillé jusqu'à 3 heures du matin en semaine.

- Mulder, tu te moque de moi ? Il est peut-être au chômage. Ou écrivain... Il y a un million de raisons possibles pour expliquer que cet homme veille. Tu ne peux pas... » La phrase de Scully se termina dans un sourire de sa part.

Elle sentit le regard interrogateur de Mulder se poser sur elle, attendant une explication. « Je me retrouve à nouveau dans une voiture, à te dire que tes idées sont sans fondement, n'ont pas de sens... Il n'y a même pas trois semaines, je travaillais à la lecture des inscriptions de la coque d'un vaisseau spatial. Puis j'ai parlé à l'âme d'Albert Hosteen, et je t'ai vu dans cette salle d' opération qui ne ressemblait à rien de ce que j'ai pu apprendre pendant mes études de médecine. Qu'est-ce que JE fais ici ?

- Tu me maintiens en vie, répondit Mulder dans un sourire. Je t'ai déjà dit tout cela. Je t'ai déjà dit pourquoi j'ai besoin de toi. Tu sais que je ne pourrais pas continuer sans toi. Scully... J'ai parfaitement conscience d'être parfois insupportable, et que tu dois penser que je n'écoute jamais ce que tu me dis. Mais je t'écoute, Scully, et je tiens compte de tes opinions. Sans cela nous ne serions pas là aujourd'hui. C'est peut-être imperceptible, mais nous avons tous deux parcouru un long chemin depuis ce jour où je t'ai amené à Bellefleur dans l'Oregon.

- Je le sais. Plus rien ne sera jamais comme avant. Tu m'as grandie.

- Je t'ai fait perdre beaucoup...

- Ce qui m'a permit de grandir. Tu as raison, Mulder.

- A quel sujet ?

- Je sais pourquoi nous sommes là. Tu as trouvé cette adresse dans le siège de la voiture où l'agent Fowley a été retrouvée. Ce n'est pas une coïncidence...

- Scully ! Regardes ! » Scully reporta son attention sur la maison. La lumière venait de s'éteindre. Quelques secondes plus tard, deux hommes en sortirent. Mulder et Scully pensèrent la même chose, et se regardèrent. DEUX ? Ou était le deuxième pendant tout ce temps ? Ils montèrent dans une voiture et disparurent derrière une colline sans qu'aucune réponse à cette question ne puisse être trouvée.

« Viens Scully ! ». Mulder avait ouvert la portière. Il était déjà dehors, déjà à inspecter les abords de la maison. Ils étaient repartis, et tout commençait à aller trop vite, une fois de plus. Scully se leva pour le rejoindre. Avant qu'elle n'ai eu le temps de dire quoi que ce soit, Mulder avait déjà crocheté la serrure et ils avaient commencé fouiller les affaires laissées là. Des éléments qui la firent aboutir bien vite à une conclusion. « Scully. Diana a vécu ici. Je savais qu'elle était très peu dans son appartement de Washington depuis qu'elle avait quitté le service des Affaires Non-Classées. ».

Scully se dirigea vers l'ordinateur et l'alluma puis commença à parcourir les dossiers. Elle en découvrit vite un qui devait contenir un journal. Son journal. Il était protégé par un mot de passe. Scully tapa un mot, et elle vit le fichier s'ouvrir avec un pincement au coeur alors que les mots « PASSWORD : foxmulder » disparaissaient de l'écran.

Mulder avait entreprit de vider le contenu du secrétaire de Diana quand Scully l'appela aux abords de l'ordinateur. « C'est son journal, Mulder. Toute sa vie, depuis plusieurs années. Depuis 1991.

- Depuis qu'elle est partie pour l'Europe.

- Mulder, d'après ce que je lis ici, on peut aussi dire... Scully déglutit, gênée. On peut aussi dire depuis votre divorce. »

 

2.

Octobre 1991. Diana était sur le pont depuis plus de 24 heures. Et il n' était pas question qu'elle s'arrête dans l'immédiat. Pas tant que LUI ne s' arrêterait pas. Cette enquête avait commencé depuis quelques jours. Mulder et elle semblaient être sur le point, enfin, de lever une partie du voile jeté par le gouvernement.

Les agents Diana Fowley et Fox Mulder travaillaient depuis près d'un an au service des Affaires Non-Classées. Elle avait rencontré Mulder lorsque celui-ci était rentré aux États-Unis, après ses études en Angleterre. Ils avaient fait l'Académie du FBI ensemble. Ils étaient tombés amoureux. Elle avait été associée à la découverte, ou plutôt redécouverte, de ce service du FBI. Mulder et elle avaient toujours eu des affinités pour le paranormal. Mulder devait cela à l'enlèvement de sa soeur. Pour elle, c'était juste une passion. Peu à peu, il avait découvert des informations sur une éventuelle conspiration du gouvernement au sujet de certains de ces phénomènes.

Cela avait commencé alors qu'il traquait une femme accusée des pires maux par le gouvernement, Suzanne Modeski. Il avait alors rencontré trois individus étranges, eux-mêmes récemment initiés aux mystères du paranormal. Les Lone Gunmen. Un peu plus tard, Mulder avait travaillé sur une affaire dans laquelle son père avait été impliqué. C'est alors qu'il avait rencontré Arthur Dales, l'ancien agent responsable des Affaires Non-Classées, c'est alors qu'il avait eu connaissance de ce petit service du FBI consacré aux affaires inexpliquées, laissé à l'abandon depuis des années. Les cas non résolus y échouaient, mais aucun agent n'était chargé de poursuivre les investigations. Mulder et Diana avaient rapidement demandé leur mutation pour combler cette absence.

Jour après jour, mois après mois, les deux agents avaient mis à jour la conspiration. Un complot secret qui pourtant influait sur la vie de chaque citoyen américain, et peut-être même au-delà. Un complot dont ils ne parvenaient pas à connaître la nature. Apparemment, le gouvernement dissimulait l'existence des extra-terrestres, et peut-être leur présence sur Terre.

Aujourd'hui, l'agent Fowley suivait un homme qui pourrait peut-être leur donner des réponses, un homme compromis dans cette conspiration. Pendant ce temps, Mulder travaillait sur une autre piste, interrogeant les parents d' une jeune enfant qui venait d'être enlevée. Il espérait que cette affaire lui donnerait des informations sur sa soeur. Diana en doutait. Il y avait eu plusieurs enlèvements d'enfants, extrêmement précis et localisés. A chaque fois, la mère de ces enfants clamait avoir été enlevée par les extraterrestres. Tous ces enfants avaient un lien précis que, elle en avait l'intuition, ne partageait pas Samantha Mulder.

La voiture de l'homme s'arrêta devant un laboratoire. Son premier geste après avoir claqué la portière fut de porter sa main à sa poche pour en sortir une cigarette, qu'il alluma. Il poussa la porte du laboratoire. Dès qu'elle commença à se refermer sur lui, Diana sortit de sa voiture et le suivit.

***

« J'eus la surprise de constater que la porte s'ouvrait sur une pièce plongée dans la pénombre. » Mulder lisait le journal de Diana à voix haute, à la fois captivé et gêné de s'infiltrer ainsi dans la vie de celle qui fut son épouse. Mais le désir de tout connaître, de savoir, était plus fort.

Il y a deux semaines, alors qu'il reposait sur un lit d'hôpital, il avait été en mesure d'inspecter l'esprit de Diana. Il avait à ce moment le don de lire dans les pensées, un don empoisonné qui le tuait. Un don prélevé par l'Homme à la Cigarette. Il y avait lu certaines choses, mais n'avait pas pu savoir vraiment. Diana l 'avait trahit pour s'allier avec le Fumeur, mais ce qu'il avait pu voir, c' est qu'elle l'avait fait sans avoir le choix. L'Homme à la Cigarette ne l'avait pas forcé, Mulder avait lu que Diana pensait très sincèrement que le sort de l'Humanité en dépendait. Mulder ignorait ce que cela pouvait vraiment vouloir dire.

Récemment, la colonisation avait semblé être inévitable. Elle avait faillit avoir lieu 9 mois plus tôt, lorsque les recherches du Syndicat avaient aboutit et qu'il avait été en mesure de donner aux extraterrestres ce qu'ils attendaient, une méthode d'hybridation révolutionnaire. Mais les Rebelles, une puissance extraterrestre encore mystérieuse, était intervenus, détruisant le Syndicat, écartant la menace. Depuis, le danger semblait au moins temporairement oublié. Mais Mulder n'avait en fait aucune idée de ce qui se tramait véritablement, de ce qu'attendaient maintenant les extraterrestres.

Peut-être recherchaient-ils Cassandra Spender, la première hybride engendrée par cette nouvelle méthode. Après des mois de recherche, la police scientifique du FBI avait pu déterminer que le corps de Cassandra ne figurait pas parmi les cadavres calcinés laissés par les Rebelles. Mulder pensait qu'elle avait été emmenée par eux. Parfois Mulder repensait au fils de Cassandra, Jeffrey. Il s'était suicidé peu après qu'on lui ait annoncé la mort probable de sa mère. Quoique Mulder avait quelques doutes sur cette mort.

Son attention se reporta au texte de Diana. « Il ne m'a pas laissé le temps de faire plus de deux pas dans la pénombre. Il m'a interpellée. Il a commencé à me parler. Et j'ai écouté. La plus grande erreur de ma vie. Une fois qu'il a terminé de m'exposer les raisons des enlèvements des enfants, et les événements futurs du 27 novembre 1999, ma vie avait basculé. J'en aie pris tout de suite conscience, mais ce sentiment est encore plus fort maintenant. Il m'a poussé à un terrible sacrifice. Je me sens vide, et en même temps incroyablement lourde, chargée par une énorme responsabilité. C' est peu de dire que plus rien ne sera comme avant. »

La curiosité de Mulder était à son maximum. Il arrêta sa lecture et se tourna vers Scully. « Le 27 novembre 1999, Scully ! C'est dans trois jours !

- Et que va-t-il se passer le 27 novembre ?

- Je n'en sais rien. Peut-être rien. Peut-être que ce qui était prévu a déjà été évité. J'espère que nous pourrons trouver quelquechose de plus précis ailleurs dans son journal. Elle ne dit pratiquement rien sur la discussion qu'elle a eue avec l'Homme à la Cigarette.

- Tu pense que c'est notre Homme à la Cigarette ?

- Qui d'autre, Scully ? Qui d'autre ?.

- Mulder, nous devrions quitter cet endroit. Nous pourrions peut-être copier ces fichiers, et...

- Non, nous n'avons pas de temps à perdre. Nous devons lire tout cela maintenant. Si quelquechose de grave doit se passer dans trois jours, nous devons le découvrir au plus vite. »

 

A l'extérieur de la maison, l'homme écoutait la conversation de Mulder et Scully. « Un peu de patience, Mulder, murmura-t-il, tu découvriras tout cela très vite maintenant. » Il s'était approché de la fenêtre, il pouvait voir Mulder et Scully de près, alors que leurs paroles se déversaient dans son oreille. « Mulder, tu as entendu ?

- Quoi ?

- Là, dehors. »

Scully s'approcha doucement de la fenêtre, en regardant attentivement. Elle sortit de sa poche une lampe de poche et éclaira les alentours.

« Sûrement un animal » dit Scully en se retournant vers Mulder.

L'homme, dehors, était déjà loin. Il remontait la petite colline qui lui permettrai de regarder à nouveau les deux agents grâce à ses jumelles. Les informations dont il avait besoin se trouvaient probablement dans ce journal, et il savait que Mulder et Scully avaient beaucoup de lecture devant eux. Il se réinstalla pour les observer, tout en repensant à la rapidité avec laquelle Scully était parvenue à faire sauter le mot de passe. Quelquechose avait du lui échapper. Il entendit soudain que Mulder avait repris sa lecture.

***

Dans cette pièce lugubre, Diana se sentait extrêmement mal à l'aise. Son interlocuteur n'était presque qu'une silhouette, au niveau de laquelle volait constamment un point rouge. Il recommença à parler. « Agent Fowley, vous connaissez maintenant l'enjeu. Vous savez ce pourquoi nous luttons dans l'ombre.

- Dans l'ombre, c'est bien là le problème.

- Le monde n'est pas près à connaître ces vérités ! Les élucubrations radiophoniques d'Orson Welles ont suffit à créer un mouvement de panique. Vous imaginez l'effet que produirait la nouvelle que je viens de vous communiquer ? Les vagues de suicide, l'explosion des mouvements sectaires. Non seulement un tel acte serait totalement inutile pour notre lutte, mais il plongerait également l'humanité dans une crise profonde probablement pour des millénaires, si jamais elle avait la chance de survivre...

- Pourquoi vous me dites tout cela ? Pourquoi venir me parler ?

- J'ai besoin de vous.

- De moi ?

- Oui, de vous... J'ai besoin d'un enquêteur brillant, de quelqu'un qui connaisse si bien son travail qu'elle soit capable de remonter jusqu'à un homme comme moi. C'est une chose qui est presque unique vous savez ?...

- Je veux bien le croire. Mais vous devez savoir que je n'ai pas fait cela seule. Si vous voulez un enquêteur brillant, mon collègue semble le choix évident. Alors, pourquoi moi ?

- Fox Mulder est un cas particulier. J'ai mon projet pour lui.

- De quel genre ?

- Mulder est ma plus abondante source de démentis plausibles. » Diana resta quelques secondes à attendre que l'Homme à la Cigarette développe quelque peu cette réponse énigmatique avant de se rendre compte qu'il n'en avait aucune attention.

« Vous avez besoin de moi pour quoi exactement ?, finit-elle par demander.

- Pour enquêter...

- J'ai compris cela.

- ...en Europe.

- En... Je ne peux pas. Je ne peux pas partir en Europe. Ma vie est ici. Ma vie est aux cotés de Fox...

- Vous aller devoir divorcer.

- Je... Non. C'est non. Je ne peux pas... Je ne veux pas.

- Vous n'avez pas le choix. Vous connaissez l'enjeu. Vous savez pourquoi je me bats. Vous savez que si vous refusez l'avenir avec Fox Mulder n'aura aucun sens.

- Je ne comprends pas pourquoi je ne pourrai pas garder contact avec lui.

- Je vous l'ai dit. Mulder est un cas particulier. Son avenir est important. J'ai besoin de lui aussi, mais pour autre chose. J'ai déjà pris des dispositions. Le Chef de Section Blevins vous informera à votre retour au siège du FBI. Vous serez mutée dès le début de la semaine prochaine à Berlin, officiellement dans le cadre de lutte anti-terroriste. Vous serez contactée là-bas par quelqu'un qui vous dira précisément ce que j'attends de vous. Il y a certaines choses que nous devrons encore régler avant votre départ. Je vous rappellerai.

- Et si je refusais de faire ce que vous me demandez ?...

- Vous travaillez aux Affaires Non-Classées depuis suffisamment longtemps pour savoir ce qui arrive à ceux qui se mettent en travers de notre route, agent Fowley. » L'Homme à la Cigarette quitta la pièce sans un mot de plus, laissant Fowley seule dans cette pièce noire de doutes.

 

Trois jours plus tard, les préparatifs de départ étaient déjà bien entamés. L'Homme à la Cigarette avait fait démarrer la procédure de divorce en ne faisant que faire signer un papier à Diana. Elle l'avait revu le lendemain de son entretient avec lui. Il l'avait amenée dans un laboratoire où elle avait pu voir de ses yeux ce dont l'Homme à la Cigarette lui avait parlé. Il lui avait prouvé ses dires. Pendant ces trois jours, Diana avait essayé de voir Fox le moins possible - ce qui n'est pas une tache facile quand on est à la fois mariés et collègues. Elle savait qu'il s'était rendu compte de quelquechose, mais elle n'avait pas eu encore la force de l'affronter. Elle avait passé son temps à se demander ce qu'elle devait faire, si elle devait lui en parler ou pas. En fait, elle avait faillit aller le voir. Tout lui dire. Se décharger. Mais elle avait renoncé. Les paroles de l'Homme à la Cigarette l'en avaient empêchés. « Mulder nous est utile si les choses restent comme elles sont. Si vous lui parlez, la gêne qu'il représente ne sera plus contrebalancée par aucun avantage. Il sera éliminé, je peux vous en faire la promesse. Pour l' instant, nombre de mes collègues le considèrent simplement comme un original, mais si Mulder découvrait certaines choses, cela changerai. Vous savez que je n'ai aucune raison de vous mentir. » Elle le savait. C'est ce qui la brisait.

Diana venait de recevoir un billet d'avion. Son vol quitterai Washington le lendemain à 17h00 en direction de l'Allemagne. Elle savait donc que ce soir allait être le soir où elle annoncerait son départ à Fox. Elle l'attendait, assise sur le canapé, immobile. Son estomac la faisait horriblement souffrir. Elle aurait donné n'importe quoi pour être où que ce soit ailleurs. Le bruit des clés dans la serrure résonna soudain dans l'appartement. Le coeur de Diana commença à battre à une vitesse folle, tandis que ses mains devenaient moites...

« Diana, tu es là. Pourquoi es-tu dans le noir ?

- Je réfléchissais.

- A quoi ?, demanda Mulder tout en enlevant sa veste.

- A ce que je dois te dire. » Elle avait capté son attention. Il s'était retourné vers elle, et la regardait, attendant qu'elle prenne la parole. « Je pars, Fox

- Tu pars ?... Comment ça ? Tu pars combien de temps ? » Diana pris une grande inspiration. La discussion la plus pénible de sa vie venait de commencer...

Il y eut des cris, des larmes. De la souffrance. Beaucoup. La discussion dura à peine une heure, mais elle avait l'impression qu'elle y avait passé une éternité. Elle fuit cet appartement dans lequel avait passé tant de bons moments le plus vite qu'elle le put. Elle pris le petit sac qu'elle avait préparé et qui contenait ses principales affaires, et se dirigea vers la porte. Mulder l'en empêcha. Il la prit par le bras, l'embrassa, puis la regarda quelques secondes.

Elle vit qu'il allait prendre la parole, mais l'en empêcha. « Ne me demande pas de t'affirmer que je ne t' aime plus. C'est quelquechose que je ne peux pas faire ». Diana fit un mouvement de l'épaule pour se dégager et quitta l'appartement, quittant du même coup la vie de Fox Mulder pour les sept prochaines années. Elle fondit en larmes dans l'ascenseur.

Dans l'appartement, Mulder était complètement perdu. Plus seul qu'il ne l' avait jamais été. Il resta plusieurs heures debout, tournant en rond, tentant de comprendre. Dans la chambre qu'il partageait avec Diana, il se rendit compte que celle-ci n'avait emporté que très peu de ses affaires. Comment avait-elle pu décider de partir aussi précipitamment ?

Quand il parvint finalement à s'endormir, ce fut dans le canapé du salon. Il n' occuperait plus son lit avant longtemps.

***

« Je me déteste tellement. Comment ai-je pu le faire tellement souffrir ? Il ne mérite pas cela. je l'aime tellement. Je ne peux m'empêcher de retourner ces événements dans ma tête, sans fin. Aurais-je pu éviter tout cela ? Aurais-je au moins pu trouver un moyen de le faire moins souffrir ? Sûrement. J'ai eu tort d'attendre le dernier moment, de le surprendre ainsi et de partir sans lui donner de véritable explication. Je n'avais pas le courage de le lui dire avant. Je m'en veux tellement. » Mulder s'interrompit avant que Scully ne puisse percevoir quelquechose dans sa voix.

« Tu pourrais continuer, s'il te plaît », lui demanda-t-il en se levant. Scully acquiesça et s'approcha de l'ordinateur.

 

3.

Diana était folle de rage. C'est même le moins que l'on puisse dire. Elle avait passé les 10 dernières semaines à faire du tourisme à Berlin, puis à tourner en rond dans son appartement. L'Homme à la Cigarette l'avait envoyé ici, l'avait forcé aux pires sacrifices pour... rien.

Deux jours après son arrivée, elle avait rencontré le Directeur Adjoint du FBI qui s'occupait de cette cellule de Berlin. Il lui avait signalé qu'il savait qu'elle avait été envoyée ici pour des raisons importantes, et l'avait laissé rentré chez elle. C'était le seul contact qu'elle avait eu avec le FBI. C'était tout simplement le seul contact qu'elle avait eu. Au départ, elle avait pris son mal en patience, laissant aux autres le temps de s'organiser. Elle avait fait connaissance avec la ville, réactualisé son Allemand, qui commençait à dater. Puis, elle avait commencé à passer le plus de temps possible à son appartement, de peur de rater un coup de fil. Sans succès.

C'est alors qu'elle chercha à rentrer en contact avec l'Homme à la Cigarette. Il lui avait laissé un numéro de téléphone qui lui avait permis de joindre une obscure secrétaire. Celle-ci lui avait assuré qu'elle relaierai le message. Elle avait attendu des nouvelles pendant une semaine, avant de rappeler et d'obtenir une réponse similaire.

Finalement, un peu plus de trois semaines plus tôt, vers la mi-décembre 1991, elle avait acheté un billet d'avion pour rentrer aux États-Unis. La réponse ne s'était pas fait attendre. Moins de deux heures après son appel, son téléphone sonnait. L'Homme à la Cigarette, à qui elle parla moins de cinq minutes, lui demanda d'annuler sa réservation, et d'attendre qu'il organise des rencontres avec un contact régulier... Depuis, elle attendait.

Elle venait de passer les Fêtes de fin d'année les plus désastreuses de toute sa vie. Les premières qu 'elle passait seule...

Il était 19h30 ce soir là, 7 janvier 1992, lorsque quelqu'un frappa à la porte. C'était quasiment un événement exceptionnel dans la vie de Diana depuis son arrivée à Berlin. Elle jeta un oil dans le Judas avant d'ouvrir. Une femme attendait sur le palier. Une femme magnifique, blonde, le genre qui s'étale de pages en pages dans les magazines et qui culpabilise les autres. Mais elle avait un air triste et froid. Elle semblait vivre la vie de quelqu'un d'autre... A vrai dire, elle ressemblait beaucoup à ce que Diana était devenue depuis deux mois. Quand la porte s'ouvrit, la femme releva la tête. « Vous êtes bien Diana Fowley ? ». Diana fit signe que oui de la tête et s'écarta pour la laisser entrer.

La femme fit deux ou trois pas, avant de se retourner vers Diana. Debout, au milieu de la pièce, droite comme un « i », l'air toujours aussi absente... « Je suis Marita Covarrubias, assistante particulière de l'ambassadeur des États-Unis à Berlin. Je serai votre contact. »

Diana, tout en refermant la porte, l'observa quelques secondes. Elle ne pouvait s'empêcher de penser que cette femme avait raté sa vocation ; et aussi qu'elle était décidément trop semblable à elle pour que leur association puisse être un grand succès. Ce n'était qu'une première intuition, mais elles la trompaient rarement. D'ailleurs, c'est précisément pour cela qu'elle était ici. Elle rompit le silence. « Ravi de vous rencontrer.

- Je n'en doute pas. Je sais que vous avez du beaucoup attendre.

- C'est le moins que l'on puisse dire.

- Il y a eu quelques difficultés. » Diana, qui avait conduit Marita jusqu'au salon, lui fit signe qu'elle pouvait prendre un siège. « Non, merci. Je n'en ai pas pour longtemps. Le problème a été d'arranger ma mutation ici. Hors des États-Unis, il y a parfois quelques contretemps... J' ai pris mes fonctions hier.

- Nous pourrions peut-être en venir au vif du sujet. Qu'est-ce que vous attendez de moi ?

- Je pense que Monsieur Spender vous a renseigné sur les enfants qui avaient disparu aux États-Unis. Je pense que vous savez ce qu'ils sont, et ce pourquoi ils sont importants.

- Il ne m'a donné aucun détail, non. Il m'a expliqué dans quelles circonstances ils devaient devenir utiles, mais n'a rien précisé.

- Alors vous pourrez bientôt le découvrir vous-même... Ce que nous attendons de vous, c'est que vous nous permettiez de retrouver ceux qui vivent ici, en Europe. Commencez par vous intéresser à l'Allemagne, vous élargirez votre champ de recherche au fur et à mesure.

- Je dois être à la recherche de quoi, exactement ?

- D'anomalies. Transmettez-nous ce que vous découvrirez, ce sera pour vous l 'occasion de faire vos preuves.

- Je commence par quoi ?

- Dans un premier temps, je vous suggère d'aller visiter les groupes du MUFON, qui rassemblent des femmes enlevées. Cela devrait déjà vous fournir beaucoup de travail. Ensuite, vous pouvez vous intéresser à toute femme qui clame avoir été enlevée par des extraterrestres. Tout ceci est votre travail.

- Très bien...

- Nous serons amenées à nous voir souvent. Vous me ferez vos rapports... » Sur ces mots, Marita se dirigea vers la sortie. « Au revoir », lança Diana avant qu'elle ne franchisse le seuil. Marita se retourna vers elle : « A bientôt », et quitta l'appartement, refermant la porte sur elle.

 

Après avoir vérifié une dernière fois l'adresse, Diana éteignit son moteur, et quitta sa voiture pour se diriger vers la maison. Peu après la première visite de Marita Covarrubias, Diana avait contacté le groupement du MUFON de Berlin, elle avait rapidement réussit à récupérer l'adresse des membres. Elle allait les voir, une par une, demandant à rencontrer leurs enfants. Elle prétendait être un agent du FBI qui enquêtait sur les enlèvements extraterrestres, et qui pensait que certaines réponses pouvaient être trouvées dans les enfants des enlevées. Ce qui n'était pas loin de la vérité.

Elle se dirigeait vers cette maison sans attendre grand-chose de cette rencontre. Elle avait commencé il y a près de deux mois, et rien d' exceptionnel n'avait vraiment fait surface. Elle n'écoutait même plus le discours de ces femmes torturées, si heureuses de trouver quelqu'un à qui parler, quelqu'un qui les croyait. Ce n'est pas qu'elle les prenait pour des folles. Justement, Diana savait qu'elles ne l'étaient pas, et que, d'une certaine manière, elle participait à leur torture.

Elle avait rencontré Marita une seconde fois dans les soixante jours qui venaient de s'écouler. Elle lui avait exposé ses recherches infructueuses. Marita s'était contentée de dire que ce que Diana recherchait était assez exceptionnel, et qu'il allait falloir qu'elle s'arme de patience... De toute façon, elle ne pouvait rien faire d'autre. Elle frappa à la porte, et celle-ci finit par s'entrebâiller. « Bonjour, je suis l'agent spécial Diana Fowley, du FBI, je travaille pour la cellule anti-terroriste de Berlin. J'avais pris rendez-vous avec Madame Irene Kriener.

- C'est moi. Entrez, je vous en prie. » Diana suivit Irene. C'était une femme qui approchait de la quarantaine. Elle le savait pour l'avoir lu dans le dossier qu'elle s'était constitué. Sinon, elle lui en aurait facilement donné 10 de plus. C'était le genre de détails que Diana remarquait souvent au cours de ses visites chez les « abductés ». Irene la conduisit vers le canapé du salon. « Vous voulez boire quelquechose ?

- Non, je vous remercie.

- Vous êtes sûre ? Pas même un café ?

- Sans façons, merci.

- Vous vouliez voir mon fils, je crois ?

- Oui, c'est cela. Je me suis un peu marginalisée de la cellule locale du FBI pour enquêter sur les abductions par les extraterrestres. Et, au cours de ces enquêtes, certains éléments m'ont fait penser que les enfants des femmes enlevées pouvaient... Disons qu'ils peuvent parfois avoir certaines particularités que j'ai tendance à relier aux enlèvements... » Le regard de Irene se fixa sur Diana quelques instants. Diana commença à se sentir gênée quand, tout en s'asseyant sur un fauteuil faisant face au canapé, Irene pris la parole : « Quel genre de particularités ?

- C'est quelquechose dont je ne suis pas encore très sûre.

- Mon fils est en retard mais il ne va pas tarder à arriver. Vous verrez... En attendant, vous êtes sûre que vous ne voulez pas un café ? ». Diana décida de dire oui...

Diana et Irene en étaient venues à discuter de la pluie et du beau temps quand la porte de la maison s'ouvrit. Diana se retourna. C'était un jeune garçon, qui venait tout juste d'avoir 13 ans. Un petit garçon parmi tant d' autres, à quelquechose près... Un visage incroyablement sombre. Une expression qui n'était pas celle d'un enfant. Et même les adultes n'avaient pas généralement l'air aussi déprimé...

« Approche, Andreas, demanda Irene

- Maman, qui est-ce ?

- Je m'appelle Diana Fowley. Je suis un agent du Bureau Fédéral d'Investigation.

- Maman, qu'est-ce qu'elle nous veut ? Qu'est ce qu'elle fait ici ?

- Andreas, l'agent Fowley est ici pour nous aider.

- Je fais des recherches sur ce qui est arrivé à ta maman. » Diana essayait d'être la plus douce possible. Elle essayait de gagner la confiance de cet enfant. Ce qui ne s'annonçait pas facile... Mais soudain, Andreas se précipita vers sa mère.

« Maman, elle te mens. Elle te cache quelquechose. Elle n'est pas celle qu' elle dit être. » Irene se pencha vers son fils et le força à la regarder : Qu'est-ce que tu veux dire ?

- C'est une menteuse, je le sais... » Diana décida de lui parler : «Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- Je le sais. Vous ne vous intéressez pas à ma mère ! » Diana se dit qu'il n'y avait pas grand-chose d'autre à faire que dire la vérité. « C'est vrai, tu as raison. C'est toi que je suis venu voir. C'est toi qui m'intéresse. Je suis à la recherche d'enfants particuliers, et tu es ma première découverte. C'est la vérité, ça, non ?

- Oui. Ca c'est la vérité...

- Je n'ai aucune intention de te mentir, lui répondit Diana, aucune intention de te cacher la vérité. Je suis sûre que tu peux voir que cela aussi est vrai. » Andreas se retourna et regarda Diana dans les yeux. Quelques secondes qui semblèrent une éternité. Quelques secondes qui tournaient une nouvelle page.

Nous étions le 6 mars, Diana était à la recherche de quelqu'un comme Andreas depuis deux mois. Aujourd'hui, elle l'avait trouvé, et le savait. Cet enfant, et d'autres comme lui, seraient le centre de sa vie pour les années à venir. Des enfants d'enlevées. Des enfants qui lisent dans les pensées...

 

4.

Diana observait Andreas par la vitre. Les scientifiques réalisaient le contrôle mensuel de ses capacités. Comme d'habitude, sa puissance mentale avait décuplé... Andreas était incroyable.

Malgré la quantité de travail qu' elle avait, malgré le fait que ses recherches s'étaient maintenant bien éloignées de Berlin, Diana s'arrangeait toujours pour venir le voir le plus souvent possible, et surveillait de son mieux le travail des scientifiques. Leur relation avait grandit et s'était étrangement transformée au cours de ces deux années. Elle ne savait pas vraiment comment, ni pourquoi. C'était arrivé, c'est tout. Ce jeune homme de 15 ans était ce qu'elle avait de plus proche d'un ami.

Lorsque les chercheurs en eurent finit avec lui, elle entra dans la pièce pour aller lui parler. « Diana ! Je suis content de te voir !

- Moi aussi. Comment tu vas ?

- Ca va. Je me passerai bien de tout ça, dit-il en désignant d'un geste de la main les scientifiques et leur matériel, mais je m'y suis fait, maintenant. C'est finit pour aujourd'hui, de toute façon. Mon père va venir me chercher très bientôt.

- Ton père ! Il vient te chercher ici ? Il sait ce qui se passe maintenant ?

- Non, non, il en sait toujours aussi peu. Maman ne veut pas lui dire, et je n'en aie pas vraiment envie non plus. Tout ce que j'y gagnerai, ce sont de nouvelles disputes entre eux. Je dois déjà en supporter pratiquement à chaque fois qu'ils se voient quand papa me ramène à la maison à la fin du week-end... Enfin bon... Et toi, ça va ? Tu as l'air fatiguée.

- Je le suis. Je rentre tout juste d'Autriche où j'ai passé 3 semaines. J'ai besoin de repos.

- Oui... Mais il n'y a pas que cela...

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Tu as l'air de douter. Tu doute de ce que tu fais, du bien-fondé de tout ça.

- C'est vrai... Enfin, non, pas vraiment. Je doute en fait de vraiment servir à quelquechose.

- Tu m'as trouvé. Tu en as trouvé d'autre. C'est ça le but de ton travail, c'est important, et tu le fais bien.

- Je ne suis pas sûre que l'on m'ait dit la vérité. Je ne suis pas sûre que vous avoir découvert, toi et les autres, serve vraiment à ce que l'on m'a dit.

- Je peux t'affirmer que si.

- Comment ? Comment tu peux savoir ça ?

- Cet homme... Celui qui t'a fait venir ici, le Fumeur, il est venu me voir pendant mes tests le mois dernier. J'ai lu dans son esprit. Ce qu'il t'a dit était vrai. Tout ce qu'il t'a dit. Et ce que tu fais est capital. Je peux te dire qu'il t'en ait reconnaissant. Cela dit...

- Quoi ?

- Je crois que je sais pourquoi tu doutais... Tu te demandais si tu n' avais pas été envoyée ici pour une autre raison. Une raison qui n' aurait rien à voir avec toi...

- C'est vrai, oui.

- Tu... Tu n'avais pas complètement tord. Enfin, ce que je veux dire, c 'est que s'il t'a choisit toi plutôt qu'un autre, c'est pour d'autres raisons.

- Quelles sont-elles ?

- C'est difficile. Je n'ai pas pu à ce point lire l'esprit de cet homme, mais d'après ce que tu m'as raconté, je pense que cela a à voir avec ton ancien mari.

- Mulder ?

- Oui, c'est bien ça. C'est bien ce nom. Il se passe quelquechose de précis là-bas, autour de lui. Il est utilisé.

- Utilisé ? Pour quoi ?

- Je ne sais pas. Je ne sais pas... » Un homme en costume sombre entra alors dans la pièce. Il appela Andreas. Son père venait d'arriver devant l'entrée banalisée du bâtiment. Il l'attendait. Andreas quitta donc Diana, qui de toute manière était plongée dans ses interrogations...

 

Diana gara sa voiture sur la place de parking qui lui était réservée dans le sous-sol de son immeuble. Elle rentrait chez elle, et était toujours plongée dans la perplexité après sa discussion avec Andreas. Ainsi donc le « projet particulier » que l'Homme à la Cigarette avait pour Mulder était actuellement en cours, là bas. Chez elle. Elle fut brusquement ramenée à la réalité lorsque, au détour d'un pilier, elle tomba nez à nez avec Marita Covarrubias.

« Marita ! Qu'est ce que vous faites ici ? Nous devions... ». Marita lui fit signe de se taire et l'entraîna rapidement derrière un pilier, dans un coin sombre. « Marita, s'enquit de nouveau Diana, que se passe-t-il ? Nous devions nous voir demain soir.

- Une urgence », répondit Marita. Sa voix était un murmure à peine audible. « Il se passe quelquechose. Nous avons été découverts.

- Nous avons été découverts ?

- Il est ici. Il est venu vous voir !

- Qui ?

- Vous ne devez pas lui dire ce pourquoi vous recherchez ces enfants ! Il ne doit surtout rien savoir du 27 novembre, Diana. Nous mourrons tous, sinon.

- Marita ! Dites-moi qui est là haut ! Qui m'attend ?

- C'est Strughold, Diana. S'il découvre que de tels choses lui ont été cachées...

- Je ne dirai rien, Marita. Vous pouvez me faire confiance.

- Je l'espère... » Marita s'évanouit dans l'ombre...

Diana se dirigea vers l'ascenseur, prête à simuler la surprise à la rencontre de Strughold. Le leader du Syndicat. Celui par qui tout avait commencé. Celui qui dirigeait tout, sauf CE projet... L'ascenseur s'arrêta à l'étage de Diana. Elle savait que la porte allait s'ouvrir dans quelques instants. Elle ferma les yeux une seconde. Le bruit caractéristique de l'ouverture des battants la poussa à relever ses paupières. Chacun de ses muscles était contracté à son maximum, la tension ambiante rendait l'atmosphère palpable...

Le relâchement de Diana marqua sa surprise. Le couloir était désert. Elle s'avança prudemment, jeta un regard de chaque coté. Puis elle se mit à rire. La paranoïa de Marita la gagnait ! Elle allait réussir à la rendre folle ! Détendue, elle inséra sa clef dans la serrure de la porte de son appartement, impatiente à l'idée de pouvoir y passer quelques heures et une bonne nuit de sommeil. Une fois rentrée, elle enleva sa veste et se dirigea vers la cuisine pour se préparer un café. « Bonsoir agent Fowley. » Son coeur fit un bond dans sa poitrine.

L'homme, qui s'exprimait en Allemand, était assis dans un fauteuil du salon. « Mon nom est Strughold. Je pense que vous savez qui je suis. » Diana laissa passer encore deux ou trois secondes, pour laisser à son corps le temps de revenir à la normale.

« Je le sais, oui... Qu'est-ce que vous faites ici ? ». Un sourire fendit le visage de Strughold, ne faisant qu'amplifier le malaise de Diana. Il daignât finalement répondre. « Je suis venu vous poser cette question ». Peu à peu, Diana retrouvait ses esprits. «Comment êtes-vous rentré dans mon appartement ?

- Vous êtes logée dans appartement de fonction, agent Fowley. J'ai mes entrées ici.

- Alors vous devez savoir ce que je fais ici...

- Oui, effectivement. Strughold recommença à rire. C'est pour ça que je suis venu. Spender a commis l'erreur de venir à Berlin. J'ai voulut savoir pourquoi... Je veux l'entendre de votre bouche, ce qui se passe ici. Pour connaitre ceux qui m'ont trahit.

- Personne ne vous a trahit, monsieur.

- Je pense le contraire.

- Vous avez tort. Mes actions ici ont pour but de servir votre groupe.

- En travaillant à notre insu ? ». Strughold avait haussé le ton de sa voix, et s'était levé de son fauteuil. Diana savait que rien n'était perdu, mais qu'elle n'avait pas le droit à l'erreur. C'était un challenge. Le genre de choses dont sa vie manquait en ce moment. Après le coup de sang du départ, Diana était maintenant étrangement calme et détendue. Sûre d'elle. Consciente d'avoir de bonnes cartes en main... « Il ne s'agit pas de travailler à votre insu, mais de vous épargner une perte de temps pour des choses sans importances. Nous effectuons des recherches afin de déterminer l'intérêt que pourraient avoir ces enfants pour votre groupe. Vous arrivez justement au moment où cet intérêt n'est plus une éventualité mais une conviction personnelle.

- Expliquez-moi...

- Je ne suis pas la mieux placée pour cela. Il y a des choses que j'ignore, je n'ai pas une vue d'ensemble de votre travail, monsieur. Ce que je peux vous dire, c'est que ces enfants sont nés de mères enlevées par les extraterrestres, souvent à de multiples reprises. C'est sans doutes là qu'il faut chercher l'origine de leur don.

- De quel nature est-il ?

- La télépathie, monsieur Stughold. Le pouvoir de lire dans les pensées. Les premiers signes apparaissent vers 4 ou 5 ans. Ensuite, leur pouvoir ne fait que croître. L'enfant le plus âgé que j'ai découvert a 15 ans. Ses capacités sont phénoménales, monsieur. »

Strughold resta silencieux un moment. Il réfléchissait à quelque chose... Il décida de d'abord faire une vérification. Il avait ses doutes sur le discours de Diana. Sur les motivations de cette recherche. L'Homme à la Cigarette avait toujours été très indépendant ; sa tendance à prendre des décisions par lui-même et à mener ses propres projets s'était manifestée dès le départ. Et se manifestait toujours, comme aujourd'hui où il avait monté une vaste campagne autour de Fox Mulder. Strughold avait ses réserves sur ce sujet. C'était un pari extrêmement risqué ; mais qui pouvait s'avérer incroyablement payant. Nourrir Mulder de mensonges. Le diriger vers une fausse piste. En faire leur source de démentis plausibles. C'était courir le risque qu'il finisse par découvrir la vraie vérité. Mais aussi longtemps que Mulder aurait confiance en Ronald, ou plutôt Gorge Profonde comme il l'appelait, ce Projet gardait toutes ses chances de porter ses fruits. Pauvre Ronald, utilisé à son insu. Gavé de mensonges depuis des années. Torturé pour le forcer à les « révéler »...

« Agent Fowley, vous prétendez que vous étiez sur le point de me contacter. De me communiquer le résultat de vos recherches. C'est un peu facile, non ? ». A l'intérieur, Diana exultait. Strughold avait posé la bonne question. « C'est la vérité, monsieur. Et je peux vous le prouver.

Diana se dirigea vers son secrétaire et en sorti une lettre préparée plusieurs mois auparavant, un jour où elle s'était dit que ce qui était en train d'arriver finirait par arriver. Diana s'était forcée à réécrire régulièrement pour éviter tout problème de changement de couleur d'encre. La manipulation était parfaite. « Voici la lettre que je vous ai écrite juste avant mon départ pour l'Autriche, sous la recommandation de monsieur Spender. La lettre destinée à vous informer de notre découverte. »

Strughold parcourut la lettre. Diana venait de lui clouer le bec. Bien sûr, ses doutes n'étaient pas véritablement levés, mais il ne pouvait plus vraiment porter d'accusations, ou penser à prouver la traîtrise. Il en revint donc aux questions qui, au fond, le préoccupaient vraiment. « Vous dites que ces enfants sont très importants pour mon groupe. Mais je ne vois pas vraiment en quoi...

- Leurs capacités grandissent et se transforment. Nous venons d'acquérir la conviction que cet enfant dont je vous parlais, le plus âgé des sujets, est capable, ou plutôt est en train de devenir capable, de communiquer constamment avec les extraterrestres.

- Qu'est-ce que vous voulez dire ?

- Encore une fois d'autres saurons vous répondre mieux que moi. On ne me dit pas tout, il y a beaucoup de choses que je ne suis pas censée savoir.

- Mais vous savez.

- Ce que je crois savoir, c'est que dans les limites d'une certaine distance, les extraterrestres sont constamment connectés mentalement. Cet enfant est entré dans ce groupe de contact. Il est relié aux pensées des extraterrestres qui se trouvent dans un certain rayon, pour l'instant inconnu... »

Strughold resta silencieux. Une fois de plus, une nouvelle information venait de reconfigurer totalement sa perception du travail que lui et ses collègues menaient depuis 1947. Ca en devenait routinier, à force...

 

5.

Ce fut la voix d'une hôtesse diffusée dans l'avion qui réveilla Diana. Son vol allait atteindre Berlin. Elle revenait de Tunis, où elle avait rencontré Strughold. C'était déjà la troisième fois qu'elle lui rendait visite en Tunisie depuis qu'il était venu chez elle, un mois plus tôt. Strughold exigeait qu'elle lui fasse un rapport quasi-hebdomadaire. Cela ne l'enchantait pas, mais elle savait qu'elle s'en tirait bien. Si Strughold avait découvert la nature de la petite conspiration organisée par C.G.B. Spender, les conséquences auraient été tout autre...

Et puis, Diana savait que Strughold préparait quelquechose, qu'il voulait reprendre tout ce programme en main. Elle était curieuse de savoir comment.

La routine des avions et des aéroports l'excédait. Elle avait l'impression d'y laisser filer sa vie, et ses détours par la Tunisie n'avaient rien fait pour arranger cela. Pour l'heure, elle voulait surtout se dépêcher de récupérer ses bagages pour pouvoir aller rendre visite à Andreas, comme elle le lui avait promis. L'idée de le revoir lui procurait un réconfort certain. C'était toujours ça. Elle gara sa voiture devant le laboratoire où Andreas passait une semaine, comme chaque mois. Pauvre gosse.

En fait de laboratoire, l' immeuble se présentait fièrement comme le siège d'une entreprise immobilière. Évidemment, c'était là une entreprise dont seul les habitants de ce quartier connaissaient le nom. Elle franchit l'accueil rapidement. Elle était maintenant ici comme une habituée. A sa sortie de l'ascenseur, au douzième étage, elle se rendit dans le bureau du Dr Jones, qu'elle devait rencontrer avant chaque visite à Andreas. C'est là qu'une secrétaire l'informa que quelqu'un l' attendait dans le bureau de Jones et voulait la voir. Cette personne n' avait pas donné son nom, mais c'était une jeune femme. Une très belle jeune femme blonde...

Diana n'avait pas revu Marita Covarrubias depuis l'incident du mois précédent, et elle s'était même demandée si elle la reverrait. « Bonjour Marita, dit-elle en entrant dans le bureau du Docteur. Je ne m'attendais pas à vous rencontrer ici.

- Les événements ont fait qu'il est inutile de rester discret... » Marita avait les traits tirés et, pour une fois, son visage exprimait une émotion. Quelquechose entre la peur, la lassitude et le ressentiment. Diana se dit que les conséquences de leur découvertes par Strughold n'avaient peut-être pas été aussi anodines pour Marita que pour elle... « Je suis venue vous apporter des nouvelles. Et vous dire au revoir.

- Au revoir ? Vous partez ?

- Cela ne doit pas être une mauvaise nouvelle pour vous.

- Pourquoi dites-vous...

- Je sais que vous ne m'aimez pas. Marita avait dit cela rapidement, froidement. Comme si c'était une évidence. En était-ce une ?

- C'est... C'est un peu plus compliqué que cela. J'ai juste du mal à vous appréhender.

- Vous ne savez pas ce que je sais. Vous ne savez pas ce avec quoi je vis.

- J'en sais déjà plus qu'assez. Je... Je comprends ce que vous ressentez. En fait, le problème est que je le comprends trop bien. A l'instant où je vous aie vu, je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que vous ressembliez vraiment beaucoup à ce que j'étais en train de devenir. A ce que je suis aujourd'hui devenue.

Le regard de Marita resta plongé quelques instants dans celui de Diana. Comme si elle utilisait ces quelques secondes pour réfléchir aux implications de ses propos.

- Enfin, peu importe, finit par reprendre Marita. Strughold a fait en sorte que ceux qui ont été impliqués dans ces recherches subissent quelques problèmes et en soient écartés. Je viens de me voir confier un poste à l'ONU. Je pars pour New York d'ici la fin de cette semaine. Je pense que tout sera fait pour que vous ayez un nouveau contact rapidement. Quant à moi, je serai l'assistante d'un des Représentants Spéciaux du Secrétaire Général... Rien que le nom du poste fait peur !

Diana ne put s'empêcher de rire un peu. Apparemment, les contrariétés lui réussissaient.

- Et Spender ?

Diana s'était brusquement posé la question du sort de l' Homme à la Cigarette. Après tout, il était responsable de tout cela.

- Strughold ne l'a pas épargné. Il était plus ou moins en charge de la responsabilité du groupe aux États-Unis, mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Un autre homme est aujourd'hui en charge de cette position. Un des opposants à Spender. Un Anglais. L'avenir nous dira si c'est une bonne chose

- Comment ça ?

- Il y a des choses dont je ne peux pas parler avec vous...

Diana remarqua que Marita souriait en lui donnant cette réponse. Décidément, quelquechose n'allait pas. Mais tout à coup, le visage de Marita s'assombrit.

- J'ai une autre nouvelle, pour vous. Et celle-là, c'est sûr, sera une mauvaise nouvelle... »

Diana avait quelquechose du zombie lorsqu'elle quitta le bureau du Dr Jones pour se rendre dans la chambre d'Andreas. Elle resta quelques minutes devant la porte, à rassembler ses forces, ignorant que, de l' autre coté, Andreas avait déjà sentit sa présence. Elle poussa enfin la porte, bloquant son esprit au maximum, déterminée à le dire elle-même, à ne pas le laisser tout lire lui-même dans ses pensées ; ignorant que, de l'autre coté, Andreas en avait déjà eu le temps, qu'il savait déjà tout. Andreas fit tout ce qu'il pouvait. Il concentra toute son énergie vers son visage, pour pouvoir maintenir une face normale alors que Diana entrait, pour pouvoir feindre qu'elle lui apprendrait quelquechose. Mais Diana n'avait pas prononcé son premier mot qu'elle fondait en larmes... Andreas lui-même ne put se retenir plus longtemps de la faire. Elle s'approchait de lui, le sera dans ses bras.

Plus proches que jamais.

Dans la douleur.

Diana pensait au mal qu'elle faisait à Andreas ; à la manière dont elle avait détruit sa vie. Andreas pensait à sa mère. A cet instant, un événement bien trop régulier se produisait à nouveau. Des lumières aveuglantes. Un son sourd. Andreas se rendit compte avec surprise qu'il vivait dans sa tête ces événements comme s'il était sa mère. Leurs deux esprits liés, peut-être pour la dernière fois. En même temps qu'elle, il eut une impression étrange alors que le corps d'Irene décollait. Lorsqu'elle perdit connaissance, au moment où elle atteignait la lumière, il l' entendit même lui dire au revoir. Il répondit, concentrant toutes ses forces pour tenter de lui envoyer ces mots. Il ne sut jamais si elle l' avait entendu...

Le lendemain, il serait placé dans un avion pour Tunis, où il serait gardé à plein temps dans le centre bâti là-bas par Strughold. Là-bas, il serait utilisé par un homme aux buts différents de ceux de Diana. Un homme qui voudra connaître les secrets d'Andreas pour pouvoir les utiliser. Un homme qui fera de lui non pas un objet de recherche, mais un cobaye, ni plus ni moins.

***

« Ma vie s'était déjà pas mal détériorée. Mais là, cela devient un enfer. Comment suis-je censée pouvoir vivre avec ça sur la conscience ? C.G.B. Spender, par l'intermédiaire du nouveau contact, m'a fait savoir de ne pas me soucier de ces « dommages collatéraux ». « Seul l'objectif compte. Si nous évitons au monde ce qui l'attends lors du 27 septembre 1999, nous serons des héros, tout comme tous ceux qui auront souffert pour cette grande cause... » Des mots. Encore et toujours des mots. Mais cette situation n'aurait jamais vu le jour si Spender et ses complices ne l'avaient pas créée.

S'ils avaient agit différemment, le 27 septembre n'aurait peut-être jamais été une menace. Et aujourd'hui, je suis censée continuer mon travail comme si de rien n 'était. Continuer à rencontrer chaque femme de chaque groupe du MUFON de chaque pays d'Europe. De faire des tests sur leurs enfants afin de déterminer si oui ou non ils sont dotés de capacités télépathiques. Si oui, je dois le signaler. Strughold et ses hommes décident alors si le jeune doit rester dans sa famille, ou bien s'il doit être enlevé pour être amené à Tunis. Si tel est le cas, et c'est le cas pour les télépathes les plus puissants, cet enfant est perdu à la « cause », puisque nous ne pouvons plus le considérer comme disponible pour le 27 septembre. Et ce nombre d'enfants perdus, de « dommages collatéraux », ne fait qu'aller en augmentant...

Je vis dans des avions et des hôtels. De toute façon, Strughold m'a montré que mon appartement de Berlin était aussi accessible qu'un hôtel, alors à quoi bon continuer de faire semblant d'avoir une intimité ? Aujourd'hui, je me suis énervée en voyant la masse de bagages que je transporte. Alors j'ai entrepris de faire un tri. J'ai passé une heure, assis par terre dans ma chambre d'hôtel à vider mes bagages et à faire deux tas. L'utile, et le reste. Évidemment, j'ai tout gardé au bout du compte. Enfin presque. J'ai trouvé une photo de moi et Fox au fond d'une valise. Je ne sais pas comment j'ai pu la garder jusque là. J'ai trahit tout ce en quoi nous croyions. Jusque la dernière des promesses. Et le fait que je l' aime ne change rien. Ca ne fait qu'insister un peu plus sur mon égoïsme... »

Scully parcourut des yeux le paragraphe suivant et se dit qu'il était opportun de s'arrêter là. Elle s'enquit du sort de Mulder.

« Ca va.

- J'espère que tu te doutes que je vais avoir du mal à avaler ça...

- Un peu, oui, répondit Mulder en souriant. Je suis content d'avoir trouvé ça. Ca éclaire des choses. Ca répond à certaines questions... Diana est morte il y a deux semaines, en laissant tout un pan de ma vie inachevé, irrésolu... Maintenant, je sais ce qui s'est passé, de l'autre coté.

- Plus ou moins. J'attends toujours de savoir ce qu'on lui a dit sur le 27 septembre. Je ne crois pas vraiment qu'on lui ait dit la vérité, de toute façon.

- Pourquoi pas ? On lui a dit la vérité sur beaucoup de choses. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire que je te fasse un dessin pour rapprocher cet Andreas de Gibson Praise. Et tu sais qu'il était important. Tu as prononcé toi-même ces mots : "la clef des Affaires Non-Classées". Une sorte d'hybride naturel. Ou une nouvelle race... Quoi qu'il en soit, un être aux origines mystérieuses. Mais ce mystère est en train de disparaître, aujourd'hui.

- Comment ça ?

- Gibson, comme les autres, était probablement un enfant d'enlevé. Et je n'ai pas besoin de t'expliquer ce qu'on a fait subir à ceux-ci.

Scully replongea dans les souvenirs de son propre enlèvement, 5 ans plus tôt. Elle avait été soumise aux tests du Syndicat. On lui avait injecté de l'ADN qui était probablement d'origine extraterrestre. Mais celui-ci ne s'était pas intégré à son organisme, et avait été réduit au rôle de polluant, mettant sa vie en danger. Une branche d'ADN extraterrestre... Scully compris soudain ce que Mulder avait dans la tête...

- Tu veux dire. Tu pense que puisque les parents ont été soumis plusieurs fois à des enlèvements, à des injections d'ADN, celui-ci a finit par engendrer une sorte de mutation chez leurs enfants...

- Et la partie extraterrestre de leur ADN est devenue active, faisant d'eux des télépathes, et Dieu sait quoi encore. Les rendant capables d'entrer, à terme, dans le système de communication mentale des extraterrestres.

- Mais... Mulder, j'ai subit un enlèvement, et je suis stérile !

- Je sais. Je ne sais pas pourquoi, mais ce qui est sûr, c'est que ces gens ont eu des enfants... Scully regardait Mulder, sans véritable expression...

- Tu ne dis rien ? lui demanda Mulder

- Qu'est ce que tu veux que je te dise ? Que tu as tord ? Je ne m'en sens pas la force, Mulder. Et je n'en suis pas convaincue. Cela me semble surréel, mais pas impossible. Je te l'ai dit... Je ne sais plus en quoi je dois croire ou pas... Je suis plus perdue que jamais, et ce journal n'arrange rien. »

 

« Vous avez parcourut un long chemin, agent Scully » murmura la voix de l'homme, profitant du silence qui s'était installé entre les deux agents. « Je suis curieux de voir où tout ceci nous mènera... ». Il était toujours assis dans sa voiture. Impatient que les deux agents en viennent aux passages plus récents du journal. Impatient d'entendre enfin les informations dont il avait besoin. Sans quoi plus rien ne pourrait empêcher les événements prévus trois jours plus tard...

 

« Je pense à mon père... dit Mulder, rompant le silence.

- Ton père ?

- Oui. Mon vrai père, mon père biologique...

Scully l'interrompit.

- Mulder, tu n'as toujours aucune preuve...

- J'ai mes convictions.

- Mulder, ça sert à quoi de...

- C'est important, non ? Cet homme, qui qu'il soit au fond, a détruit avec application chaque morceau de ma vie jusqu'à maintenant. Ma famille s'est déchirée à cause de ce qu'il a fait, j'ai perdu ma soeur, puis mon père. Ma mère est plus un fantôme vivant qu'une mère. Il a détruit mon mariage.

- Mulder...

- Toute ma vie...

- Mulder ! Il ne nous détruira pas, nous. Il ne nous a pas détruit et il ne le fera jamais. Notre amitié et notre confiance sont au-dessus de lui.

- Tu le pense vraiment ?

- Nous avons résisté pendant sept ans. Nous continuerons, malgré tout. »

Mulder et Scully en étaient tous deux convaincus. L'un et l'autre une fois réunis ne formaient plus qu'un. Et cet être-là était plus fort que tout... Et cet être-là ne pouvait être mis en danger que par deux personnes au monde. Eux-mêmes... Ou alors ils pourraient passer à un nouveau stade. Se rapprocher encore plus. Ils en avaient de plus en plus envie l'un et l'autre, mais ils savaient que c'était la seule chose au monde susceptible de les séparer. C'était le risque qu'il fallait courir. Il faudrait qu'ils aient assez confiance en eux-mêmes pour pouvoir franchir cette étape...

Scully décida de chasser ces pensées en reprenant sa lecture, quelques paragraphes après le moment où elle s'était arrêtée.

 

6.

Diana le vit à l'instant où elle pénétra dans le hall de son hôtel. Il était venu sans qu'un rendez-vous ait été arrangé. Il était venu alors qu'il n'était pas censé savoir où elle se trouvait... Cet homme était vraiment un poison.

Peter Lohmeyer, son nouveau contact avec l'Homme à la Cigarette, était tranquillement installé dans un fauteuil, un verre de whisky à la main alors qu'il tirait sur un de ces abominables cigares qui empestait à plusieurs mètres à la ronde, y compris quand il ne fumait pas ; ce qui s'avérait, de toute façon, être un événement fort rare. C.G.B. Spender avait choisit un Berlinois, pour éviter d'éveiller à nouveau les soupçons de Strughold. D'après l'enquête de Diana, c'était un homme sans histoire, célibataire endurci. A vrai dire elle comprenait aisément pourquoi il n'était pas marié. Peter était un homme antipathique au possible, qui la prenait systématiquement de haut, qui dégageait un mépris insupportable... Elle se demandait souvent où C.G.B. Spender avait bien pu le dénicher. Toujours est il que c'est ELLE qui devait le supporter au jour le jour.

Elle décida d'y aller franchement : « Que faites-vous ici ? Peter ne l'avait pas vu venir. Il se retourna vers elle rapidement, surpris. Ce changement d'attitude ne dura guère qu'un instant. Il en revint bien vite à son habituel air hautain.

- Madame Fowley... Je dois dire que je me félicite de ma patience. Je vous attends ici depuis plus de trois heures.

- Si vous vous étiez plié aux règles habituelles, cela ne serait pas arrivé. Nous devons convenir d'un rendez-vous. Vous n'avez pas à débarquer n'importe quand, ni à me faire suivre.

Peter lui répondit par un rire franc, ce qui n'était pas vraiment ce à quoi s'attendait Diana. Plusieurs clients se retournèrent vers eux. Gênée, elle attrapa Peter Lohmeyer par le bras pour le traîner jusque dans sa chambre. Ils se retrouvèrent seuls dans l'ascenseur.

- Je n'aime pas votre attitude, Peter. Je n'aime pas vos façons de faire.

- Mais j'ai bien peur de n'y être pour rien, Madame...

- Agent. Agent Fowley.

- Vous espérez me faire croire à moi que vous travaillez pour le FBI ? Diana, je sais ce que vous faites. Je sais que cela n'a pas grand-chose à voir avec les devoirs d'un agent du Bureau. L'ascenseur s'arrêta, et la montée de deux personnes les empêcha de poursuivre ; ce qui valait peut-être mieux, d'ailleurs. Diana mit à profit ces quelques instants pour réfléchir et se calmer.

Diana Fowley avait maintenant à faire à Peter Lohmeyer depuis un an. Dès le début, il s'était toujours montré aussi insupportable, n'hésitant jamais devant aucune remarque désobligeante envers elle... Jusque là, elle était toujours parvenue à ne pas perdre son calme. Mais un jour, cela finirait bien par arriver... L'ascenseur s'arrêta enfin à l'étage de la chambre de Diana. Elle attrapa à nouveau le bras de Lohmeyer et le tira vers sa chambre. Elle le poussa à l'intérieur de celle-ci avec le désir d'en finir rapidement.

- Que voulez-vous ?

- D'une manière générale, je ne fais que rapporter ce que l'on me demande de vous rapporter. Je ne désire rien personnellement...

- Vous êtes venu pour quoi ? !

Il était inutile d'être un grand psychologue pour savoir que Diana n'était plus disposée à jouer ce jeu. Peter le compris très bien.

- C'est Spender qui a exigé que je vienne vous voir. Il m'a communiqué l'endroit où vous vous trouviez.

- Que me veut-il ?

- Des rapports plus fréquents.

- Comment ça ?

- Cela fait quelque temps que nos rendez-vous se sont espacés. A chaque fois, vous êtes trop occupée, en déplacement, et au bout du compte, vous repoussez...

- Spender devrait comprendre que je fais ce qu'il me demande de faire.

- Ca, c'est à vous de le voir avec lui. Ce que je sais c'est qu'il a exigé que je vous fasse savoir que vos rapports devaient redevenir plus fréquents. Il veut que, comme c'était le cas auparavant, ils ne soient pas espacés de plus d'un mois.

- Très bien. C'est tout ?

- Pour le moment, oui.

- Alors je vous demanderai de me laisser. Je suis pressée, j'ai un avion à prendre.

- Je vous contacterai.

- Je n'en doute pas... »

Lohmeyer s'éclipsa, laissant Diana exaspérée. Et en retard. Elle n'avait que quelques minutes pour rassembler ses affaires, et filer vers l'aéroport. Elle devait se rendre à Tunis. Andreas dormait lorsque Diana pénétra dans la chambre. Elle remarqua tout de suite que le jeune homme (il avait maintenant 16 ans) avait l'air mal en point. La sueur perlait sur son front, son teint était pâle, et de profonds cernes étaient creusés sous ses yeux. Diana sentit son coeur se contracter à cette vision.

Elle s'approcha lentement, et s' assit sur le bord du lit. Elle le regarda longuement, profitant de ces instants de répit pour repenser aux derniers événements, ainsi qu'à son amitié avec Andreas. Elle lui pris la main, presque inconsciemment. Cela réveilla Andreas.

« Diana !, articula-t-il faiblement, je suis content de te voir.

- Moi aussi. Mais tu n'as pas l'air d'aller très bien.

- Je suis un peu patraque.

- Patraque ?

- Ne t'inquiète pas comme cela, Diana, ce n'est rien.

- Je ne m'inquiète pas...

Le long regard que lui lança Andreas était parfaitement clair. Elle avait beau le connaître depuis plus de trois ans, elle oubliait encore parfois qu'elle ne pouvait pas lui mentir.

- Je suis inquiète, c'est vrai. Mais c'est normal.

- Je sais. » Andreas lui fit un grand sourire. Ils discutèrent assez peu, ce jour là. Andreas était fatigué, et Diana ne voulait pas le fatiguer... Lorsqu'elle quitta la chambre, il s'était à nouveau endormi...

 

La porte du Dr McArthur s'ouvrit avec un grand fracas. C'était lui qui s'occupait d'Andreas, depuis son transfert à Tunis un an plus tôt. Sa secrétaire bredouilla vaguement quelques paroles d'excuses, mais Diana lui claqua la porte au nez avant qu'elle ait été en mesure de dire plus de deux phrases. « Docteur McArthur, je veux savoir ce qu'il a ! »

Une longue discussion suivit. Le Dr McArthur expliqua à Diana qu'un infirmier, de retour de vacances, avait malencontreusement transmit une sérieuse grippe à Andreas. Il n'y avait rien de grave, cependant, et il allait s'en remettre rapidement. Il lui assura que des mesures de quarantaine avaient été prises, et que dorénavant, une telle chose ne pourrait plus se produire. Diana ressortit du bureau rassurée, McArthur s'était montré convaincant.

Alors que Diana quittait le laboratoire pour aller rendre visite à Strughold, Andreas sombra dans le coma. Une sorte de coma particulier... Plusieurs infirmiers entrèrent dans la pièce, et contrôlèrent son état. Le Dr McArthur entra bientôt à son tour. Il connaissait déjà les signes ; ce n'était pas la première fois qu'ils réalisaient ce test. Strughold leur avait demandé de concentrer leurs recherches sur Andreas, le plus puissant de leurs jeunes télépathes. Il espérait ainsi accélérer les recherches ; et puis, avec un peu de chance, Andreas résisterait au traitement un peu plus longtemps que les autres, et leur permettrai d'approfondir les tests.

Les infirmiers s'agitèrent soudain : les instruments venaient de capter les signes. Le phénomène était en cours. Le corps d'Andreas, ses gènes particuliers, faisaient leur effet.

Quelques secondes plus tard, de minces petits vers noirs se frayèrent un chemin par ses orifices, quittant ce corps qui les repoussait. Ils moururent, là, sur la peau de son visage, tandis que, lentement, Andreas reprenait vie. « Vous avez enregistré les données ? , demanda McArthur. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre des opportunités. Ils se fatiguent vite de ce régime. »

McArthur devait se dépêcher. Strughold n'était pas connu pour sa patience. Il savait que l'étude de ces organismes naturellement immunisés contre l'Huile Noire, contre ces vers de la mort, permettrait de faire avancer rapidement la recherche d'un Vaccin. Un remède qui permettrait à tous d'être immunisés ; d'éviter l'holocauste en préparation. L'ironie était qu'ils étaient aussi ceux qui préparaient l'holocauste en question...

 

7.

Encore une fois, Diana devait détailler par le menu l'ensemble de ses activités à Peter Lohmeyer. Le nombre de familles qu'elle avait rencontré. Le nombre d'enfants trouvés. Le nombre de ceux qui semblaient disposer de facultés spéciales. Les rapports préliminaires sur la puissance de ceux-ci...

Diana lui faisait le bilan de l'année 1995. Elle y avait travaillé d'arrache-pied depuis deux semaines. Tout cela était d'un ennui mortel.

Peter l'écoutait patiemment, tout en paraissant penser à autre chose. Elle l'abreuvait de paroles, tout en lui remettant à intervalle régulier quelques papiers qui lui permettraient de transmettre l'essentiel des informations à C.G.B. Spender...

Ce bilan, d'ailleurs, était fort inquiétant. Strughold aspirait chaque jour un peu plus d'enfants, et le projet que menait le Fumeur semblait voué à l'échec. A moins de trouver une solution rapidement, rien ne pourrait rétablir les choses. Les recherches de Strughold n'avançaient guère. Les scientifiques commençaient à douter que cette voie permette de découvrir un Vaccin. Strughold pestait continuellement contre eux. Pour lui, reproduire le phénomène qui immunisait ces êtres devait être un jeu d'enfant. Ce qu'il ne comprenait pas, c'était l'extrême complexité du mécanisme génétique impliqué. Strughold était un homme habitué à avoir tout ce qu'il voulait, tout de suite...

Oui, décidément, Peter était ailleurs, et ne réagissait pas comme d'habitude. Ce déluge de nouvelles catastrophiques qu'il devrait transmettre à Spender lui-même ne semblait pas l'atteindre. Diana avait l'impression, sans comprendre pourquoi, qu'il perdait patience... Depuis quelques mois, leurs rapports s'étaient normalisés. Il avait mis de coté son attitude hautaine et ses sarcasmes.

" Les recherches de Strughold deviennent un problème capital. Vous devez faire comprendre à Spender qu'il doit trouver une solution. Tous ces enfants sont perdus pour nous...

Peter resta immobile sur son fauteuil. Les yeux dans le vague. Excédée, Diana décida de laisser le silence s'installer...

- J'en prends bonne note, finit-il par dire en se levant. Monsieur Spender sera informé de vos conclusions.

Peter s'apprêtait à sortir. Mais il s'arrêta soudain sur le palier.

- C'est étrange, murmura-t-il au point que Diana l'entendait à peine, ce sont des enfants, mais dans votre bouche, ils sont réduits au rang de simple marchandise.

De toute évidence, Peter avait l'intention de s'éclipser là-dessus. C'était sans compter sur Diana, qui, bien qu'estomaquée, se précipita vers lui et le retint dans la chambre d'hôtel.

- Comment osez-vous ?

- Vous allez me soutenir que ce n'est pas la vérité ?

- Rien n'est plus faux !

- Vous mentez !

Diana le regarda, sans trouver quoi dire. Elle essayait de comprendre, mais ne pouvait pas. Il lui aurait fallut savoir que tout ce qu'elle pensait connaître de cet homme était faux...

- Diana, Vous effectuez des tâches ignobles sans éprouver jamais le moindre remords.

- Ma vie n'est faite que de ça ! De remords, de doutes... Pas un seul jour passe sans que je me demande si ce que je fais est juste ou non. Il se trouve que jusqu'à aujourd'hui, j'en suis toujours venue à la conclusion que je n'avais pas le choix. Que c'était la meilleure chose à faire, quand bien même c'est horrible...

- Vous avez l'air sincère, mais je suis certain qu'il en est de même quand vous allez voir ces familles et que vous leur dites que vous vous souciez d'elles.

- Si vous saviez, Peter... Si vous saviez ce que je sais, vous comprendriez que je me soucie d'elles !

- Dites-moi !

- Je n'en ai pas le droit. Si vous voulez des éclaircissements, il va vous falloir les demander à Spender.

- Voilà une réponse facile, non ?

- Peter, vous portez des jugements sans rien savoir des circonstances et des personnes impliquées. L'un des êtres qui compte le plus pour moi aujourd'hui est là-bas, à Tunis, dans une des chambres qu'a réservée Strughold à ces enfants. Ce n'est pas quelquechose à quoi je m'habitue facilement. Alors pour ce qui est d'en parler comme de la marchandise... "

Peter ne répondit rien. Qu'aurait-il put répondre ? Avouer qu'il était dans le même cas ? Non, ça il ne le pouvait pas. Pas encore...

***

" Qu'y a-t-il, Scully ? Continue, s'il te plaît.

- Mulder...

- S'il te plaît !

- Mulder ! Je lis depuis plus d'une heure, maintenant. C'est long, tu sais.

- Excuses-moi. Mulder lui envoya un sourire. La nature de leur relation, basée sur les actes plutôt que sur les mots, faisait que cela équivalait à un chaleureux remerciement. Scully se leva et vint s'asseoir à coté de lui, puis repris la parole.

- Tu sais, ce journal... J'y réagis bizarrement.

- Comment ça ?

- Je ne l'aimais pas, tu le sais. Je n'ai jamais eu confiance en elle...

Scully parlait par euphémisme... La seule chose qui l'avait retenue d'être plus virulente envers Diana, à l'époque où elle tournait autour de Mulder et des Affaires Non-Classées, était une certaine forme de honte... Car elle savait bien qu'une partie de ses sentiments à l'encontre de Diana Fowley avaient pour cause la jalousie.

- Toutes ces informations, ce journal... Je trouve assez ironique la manière dont il me donne à la fois raison et tort...

- C'est à peu près ça, effectivement, répondit Mulder en souriant. Elle me l'avait dit... Quand elle est venue me voir à l'hôpital, elle m'a dit qu'elle m'avait trahit, d'une certaine façon, mais que ses motivations étaient aussi juste que les miennes. J'ai su qu'elle disait vrai. Aujourd'hui, seulement, je commence à comprendre pourquoi...

- En même temps, je découvre mes erreurs. Et ses agissements récents (le fait qu'elle t'ait sauvé la vie, et le reste) trouvent un sens... Moi aussi, ce journal m'intéresse.

- Ca c'est une manière de me dire qu'il faut que je me dépêche de reprendre la lecture ! "

Mulder se leva donc et se dirigea vers l'ordinateur de Diana.

 

8.

La paranoïa qui avait atteint Diana Fowley après qu'elle ait trouvé Strughold l'attendant dans son appartement deux ans plus tôt avait finit par s'estomper. Si bien que vers la fin de 1995, elle avait de nouveau investit dans un pied à terre fixe à Berlin. Cet appartement était bien plus petit que celui que le FBI lui offrait, mais elle s'y sentait bien plus en sécurité. Diana s'était jurée de ne plus jamais habiter un appartement de fonction.

Son cœur se sera dans sa poitrine lorsqu'elle vit que la porte était entrouverte. Tout recommençait, apparemment. Sa vie, depuis plus de 4 ans, depuis qu'elle avait quitté les États-Unis, se mordait continuellement la queue. Une spirale infernale...

Elle sortit son revolver et s'approcha lentement de la porte. Elle jeta un bref regard à l'intérieur. L'entrée était plongée dans la pénombre, mais Diana distinguait, derrière la porte donnant accès au salon, un filet de lumière. Cela la rassura quelque peu : si l'intrus avait allumé, il n'en voudrait probablement pas à sa vie. Elle poussa légèrement la porte, afin de pouvoir se glisser dans l'entrebâillement, et se faufila dans l'appartement, tout en prenant garde à regarder attentivement autour d'elle.

Elle se retrouva devant la porte du salon et se demanda ce qu'elle devait faire. Quelques secondes passèrent, puis elle se décida : elle frappa à la porte. Elle se sentit bête immédiatement, mais la réponse ne se fit pas attendre.

" Vous pouvez, entrez, Diana. Faites comme chez vous ! "

C'était la voix de Peter. Rassurée, elle ouvrit la porte franchement. Cet empoisonneur avait sans doute décidé de perturber sa vie encore un peu plus, de la faire devenir folle.

Peter Lohmeyer se tenait debout, devant elle, un revolver à la main...

" Agent Fowley, nous partons pour Tunis.

- Pardon ? Peter, qu'est-ce que...

- Ne discutez pas ! Je n'en ai ni le courage, ni l'envie. Suivez-moi. Je ne crois pas que vous ayez le choix, de toute façon. "

C'était vrai, elle n'avait pas le choix...

 

Quelques heures plus tard, Diana et Peter étaient assis cote à cote dans un vol pour Tunis. Peter avait fait affréter un petit avion. Ils étaient seuls avec le pilote. Mais avec le vrombissement du moteur, il était impossible qu'il les entende ; Diana et Peter, assis cote à cote, devaient hurler pour se parler.

" Peter, dites-moi ce qu'il se passe !

- Pourquoi le ferais-je ?

- Parce que je suis ici, dans cet avion, sous la menace d'un revolver. Je mérite une réponse.

- Vous ne méritez rien, Diana. Rien d'autre que la mort.

- Qu'est ce que je vous ai fait ?

- Me poser cette question n'est qu'une insulte supplémentaire !

- Je suis sérieuse, Peter. Je ne comprends absolument rien à tous cela ! Que croyez-vous ? Que j'ai trahit Spender ? Pourquoi alors m'amener à Tunis ?

Peter regarda Diana quelques instants. Il réalisa soudain qu'elle ignorait qui il était vraiment, qu'elle ne se doutait pas que le nom qu'elle lui donnait n'était pas véritablement le sien. Il se décida à tenter de lui expliquer, sans espérer qu'elle comprenne.

- Vous connaissez ma femme, Diana. Oh, je doute que vous vous rappeliez son nom ou même son visage. Elle fait partie de ces centaines de femmes que vous avez rencontrées et interrogées. Il se trouve qu'elle et moi étions les parents d'un de ces enfants que vous recherchez. Vous nous l'avez pris, Diana. Vous l'avez emmené loin de moi...

Ces révélations étaient pour Diana difficiles à accepter. Ainsi donc celui qu'elle côtoyait depuis plus d'un an et demi l'avait complètement trompé. Il avait trompé C.G.B. Spender et tous les autres. Elle pris soudainement conscience que sa vie était en danger...

- Au début j'ai cru que c'était " eux " qui l'avaient pris, lui et ma femme. C'était déjà arrivé tellement souvent... C'est seulement quelques temps plus tard que j'ai compris... Je me suis infiltré parmi vous, dans l'espoir d'apprendre la vérité et de vous démasquer. J'ai écouté vos justifications douteuses, vos mensonges, votre façon de répondre à coté aux questions qui appelaient des explications plus précises. Aujourd'hui, je suis venu chercher la vengeance...

- La vengeance ?

- Tôt, hier matin, la police m'a appelé pour me prévenir qu'un enfant susceptible d'être mon fils avait été retrouvé. Ils m'ont appelé pour l'identifier...

- C'est impossible ! Peter, ce que vous me dîtes est impossible ! Écoutez, je ne sais pas vraiment ce que vous avez réussit à apprendre sur tout cela, mais je sais que vous avez connaissance du fait que deux forces se disputent ces enfants. Ce que je peux vous assurer, c'est qu'aucunes d'entre elles ne tueraient l'un d'eux. Ils nous sont utiles, mais seulement s'ils sont vivants. Nous n'avons aucun intérêt à les assassiner.

- C'est ce que vous dîtes...

- C'est la vérité !

- Vous mentez ! Vous êtes un assassin, tout autant que les autres. Je n'ai pas pu identifier mon fils... Il était bien trop défiguré. Un abominable tueur en série, m'a dit la police... Seul un examen de sa dentition a permit de savoir...

- Je ne sais pas quoi vous répondre. J'ignore comment cela a pu arriver. Cela ne devrait pas être possible... Un accident, peut-être... Ou une erreur.

- C'est votre erreur, Diana. C'est votre erreur... "

 

Après l'atterrissage de l'avion sur une petite piste poussiéreuse non loin de Tunis, Peter avait poussé Diana dans une voiture qui les y attendait, et ils faisaient maintenant route vers le lieu où était retenus les enfants. Le vaste complexe doté de laboratoires et de divers centres de communication où Strughold s'était réfugié, et d'où il dirigeait d'une main de fer la Conspiration mondiale.

Diana, de plus en plus affolée par le tour que prenait la situation tentait de convaincre Peter que jamais il ne ferait un mètre dans la base. En vain...

" Peter, vous devez comprendre vous vous attaquez à une conspiration internationale. Ils savent probablement déjà que nous nous dirigeons vers eux.

- Nous verrons...

- Vous devez comprendre, aussi, que ces gens… Que moi-même, je ne fais pas ça sans raisons. Si nous commettons certains actes horribles, c'est parce que nous savons que c'est l'unique moyen...

- L'unique moyen de faire quoi ?

- De combattre le futur qui se dessine. C'est la survie de l'Humanité qui est en jeu, Peter.

- Comment ? Pourquoi ?

- Je ne peux pas vous le dire, Peter ! ! Si jamais je vous parle, si je vous révèle la vérité, ils vous traqueront et vous tueront, cela ne fait aucun doute.

- Mourir ne me fait pas peur.

- Il n'est pas question que j'ai votre mort sur la conscience, Peter.

- Alors vous feriez bien d'espérer qu'ils ne m'attendent pas là-bas l'arme au point, Diana. Parce que dans ce cas nous pourrions fort bien nous retrouver rapidement en enfer tous les deux.

- Peter, je vous en prie...

- Taisez-vous, Diana ! Je ne veux plus vous entendre jusqu'à ce que nous arrivions. "

Peter appuya sur l'accélérateur. La petite voiture soulevait un épais nuage de poussière alors qu'elle filait vers la mort.

Une trentaine de minutes plus tard, la voiture arriva en vue du complexe... Les bâtiments s'élevaient, comme des pustules au milieu du désert.

Au loin, derrière la voiture, on pouvait apercevoir Tunis. Diana savait qu'ils allaient bientôt rencontrer un grillage. Il fallait encore parcourir près d'un kilomètre après l'avoir franchit pour trouver le premier immeuble. Mais elle n'ignorait pas que cette voiture n'arriverait jamais jusque là.

Lorsque le portail grillagé se profila à l'horizon, Diana fut surprise de constater que toute une armée n'y était pas déjà réunie. Elle ne fut que plus étonnée lorsque, à peine Peter s'était immobilisé devant le grillage pour aller ouvrir un passage, une horde de soldats surgit de nulle part. En quelques secondes, elle était dehors, portée par l'un d'entre eux, tandis qu'elle entendait les cris de Peter et qu'elle aperçut rapidement un groupe l'extraire de la voiture.

" Ne le tuez pas ! Ne le tuez pas ! ". Ses cris se perdirent dans la confusion générale. Le militaire la reposa sur le sol quelques instants plus tard. Un médecin s'affaira autour d'elle, et évalua son état.

Elle n'avait rien.

Elle n'avait qu'une préoccupation : le sort de Peter. Bientôt, elle aperçut au loin deux hommes en costume sombre. C.G.B. Spender et Strughold étaient cote à cote et la regardaient. Elle se leva pour aller vers eux, et vit que Spender allait à sa rencontre.

" Je suis désolé de ce qui vient de se passer, lui dit-il. Permettez-moi de vous rappeler que vous ne devez en aucun cas révéler que vous vous connaissiez, qu'il a été votre contact.

- Il le dira bien lui-même.

- Pas forcément.

Le Fumeur plaça sa cigarette dans sa bouche et porta sa main à sa poche. Il en ressortit un revolver.

- Strughold pense que cet homme en sait trop, et qu'il doit mourir. C'est également mon avis, mais le fait que ce ne soit pas pour les mêmes raisons restera entre nous.

- Monsieur, je ne peux pas...

- Bien sûr que si vous pouvez. Vous connaissez l'enjeu. Vous savez aussi ce qu'il adviendra de vous si Peter Lohmeyer révèle certaines choses. Votre vie est en jeu. A tous les niveaux.

Diana le regardait, inerte, incapable de mettre en mots ses pensées.

- Diana, vous savez que certains sacrifices sont nécessaires. Toutes les guerres, même les plus Saintes, ont leurs dommages collatéraux...

Spender tendit le revolver vers Diana et le plaça contre sa main.

- Il est seul dans le hangar, là-bas. En quelques sorte, il vous attend... "

La main de Diana Fowley se referma sur la crosse de l'arme. Spender plaça la sienne sur son épaule, et l'accompagna jusqu'à la porte du bâtiment où Peter était enfermé.

Il tira une bouffée sur sa cigarette, et un air satisfait illumina son visage lorsqu'un coup de feu retentit. Diana venait de mettre à mort son humanité. Maintenant, elle était tout à lui...

 

9.

Lorsque Diana ressortit du hangar, quelques secondes plus tard, l'Homme à la Cigarette était toujours debout à coté de la porte. La décence l'avait fait abandonner son air triomphal. Diana ne leva pas les yeux vers lui. Il se contenta pour sa part de lui indiquer que des vêtements propres avaient été installés dans sa chambre. C'est en entendant ces mots qu'elle se rendit compte que ce qu'elle portait était taché de poussière, après l'intervention musclée des militaires, et de sang, après...

Elle passa, telle une ombre, à coté de Strughold. Celui-ci resta seul avec l'Homme à la Cigarette.

" Je dois vous reconnaître un certain talent pour le recrutement. Je n'aurais jamais soupçonné qu'elle puisse devenir un agent aussi efficace et déterminé. Pas plus elle que Marita Covarrubias...

- Vous avez eu des nouvelles ?

Le Fumeur avait un don inné pour le mensonge. Il était le mieux placé pour connaître ce qui arrivait à Marita.

- Je reçois des rapports sur ses activités. Elle fait preuve d'une grande efficacité dans son travail, et aussi d'une totale loyauté envers vous. Il y a quelquechose qui soude votre équipe, Spender, et j'avoue que j'aimerai savoir comment vous vous y prenez.

- Il n'est pas bon de livrer ses secrets.

Strughold sourit. Il est certain que C.G.B. Spender n'était pas étouffé par sa modestie...

- Oui, sans doute.

Strughold avait vraiment envie de le remettre un peu à sa place...

- Enfin, heureusement que vous avez également eu vos erreurs, reprit-il. Comme ce tueur qui était sous vos ordres... Comment s'appelle-t-il déjà ? Ah oui, Krycek...

- Krycek est mort, ou au mieux, mourant. Je l'ai laissé il y a trois jours dans un silo à missile dans le Dakota du Nord. Il y crèvera de faim, si ce n'est déjà fait. Il n'est plus un problème, en tout cas. "

***

A des milliers de kilomètres de là, Alex Krycek gisait sur le sol...

Le silo dans lequel il se trouvait était un immense tube de béton, vide suite aux accords de désarmements passés avec les Russes. Vide, car le vaisseau spatial qui y avait été stocké avait décollé près de trois jours plus tôt.

Alex n'avait plus la force de crier. De toute façon, il ne croyait plus que quelqu'un pourrait l'entendre. Il allait mourir ici, sans que personne ne le sache. Une triste fin pour un tueur...

Il ferma les yeux. Un bruit sourd se fit soudain entendre. Une lumière aveuglante qui le faisait souffrir, même à travers ses paupières...

Quand il rouvrit enfin les yeux, il n'était plus dans le silo à missile... Six ou sept hommes s'affairaient autour de lui. Le soignait.

 

Soudain, il remarqua. Ces hommes... ce n'en était pas ! Ils n'avaient pas de visage !

***

Dans la petite chambre mise à sa disposition en raison de ses visites fréquentes à Tunis, Diana trouva une tenue d'agent infirmier du centre de recherche. C'était probablement les seuls vêtements qu'on avait pu lui trouver... Rien, de toute façon, ne serait pire que ce qu'elle avait sur le corps.

Elle se changea rapidement. Elle resta là quelques instants, à ne rien faire, à ne penser à rien. Tout à coup, elle se souvint qu'Andreas était là, tout près ; qu'elle pouvait aller le voir.

Elle hésita : elle ne pourrait rien lui cacher, ni faire comme si rien ne s'était passé. Il saurait.

Mais, de toute manière, il faudrait bien qu'elle aille le revoir un jour, et alors il saurait. Peu importe le temps qui passerait. Et Peter l'avait menacée de mort, et aurait pu entraîner sa mort s'il avait révélé ce qu'il savait sur le projet auquel Diana était vouée. Et le fait est que ce projet était non seulement nécessaire, mais juste.

Diana se dit qu'il était dramatique que tout cela soit arrivé pour de fausses raisons. Peter avait cru que Diana avait participé à un programme visant à l'assassinat de ces enfants. Or une telle chose n'existait pas...

Elle avait très hâte de revoir Andreas. Leur dernière rencontre datait de plusieurs mois. Elle ne l'avait vu que deux fois depuis qu'elle l'avait trouvé malade, en août 1995, 6 mois plus tôt. Les scientifiques lui avaient dit qu'ils avaient entamé un programme de recherche autour de son cas, entraînant des absences nombreuses du centre.

Ce n'était pas une mauvaise chose, pensait-elle. Il pouvait ainsi voyager quelque peu... Diana se frayait un chemin dans les couloirs, se rapprochant soudain de la zone où les enfants étaient gardés. Soudain, elle remarqua qu'aucun agent de sécurité ne l'avait soumis à un contrôle. Bien sûr ! J'ai les vêtements des employés du centre...

Diana frappa à la porte d'Andreas. Personne ne répondit. Elle poussa la porte. Elle sourit en voyant la forme endormie dans le lit. Elle s'approcha lentement. Et c'est alors qu'elle aperçut les nattes...

C'était une jeune fille qui occupait cette chambre. Diana observa son visage et se souvint qu'elle l'avait rencontré près de deux mois auparavant. Elle avait manifesté des talents certains, et Strughold avait fait en sorte qu'elle soit enlevée et amenée à Tunis...

Un infirmier entra dans la chambre, apportant un repas à la jeune fille.

" Où est passé Andreas ? demanda aussitôt Diana.

- Qui ?

- Andreas Kriener. Il a occupé cette chambre près de deux ans !

- Vous n'êtes pas au courant ? !

C'était le moins que l'on puisse dire. Diana savait qu'elle pouvait tirer avantage des vêtements qu'elle portait, et qu'il était fréquent que des employés s'absentent quelque temps...

- Excusez-moi, mais je suis rentrée aux États-Unis pour un moment. Ma mère est décédée.

- Toutes mes condoléances.

- Je vous remercie. Qu'est devenu Andreas ?

- Andreas est décédé il y a trois semaines. Les Docteurs ont tenté une autre méthode pour extraire leur immunité.

Apparemment, cette nouvelle était banale et sans conséquence pour cet infirmier...

- Une autre méthode ? demanda Diana.

- Oui, ils ont finit par découvrir que cette immunité était conférée par une substance produite par la glande thyroïdienne de manière constante chez ces enfants ou chez les Hybrides. Cela est dû à l'activation de certains gènes. Enfin, bref. Toujours est-il qu'ils essaient de procéder à la transplantation d'une glande activée chez un sujet non immunisé.

- Andreas Kriener est mort de cette opération ?

- Comme tous les autres, oui. C'est une opération dont les enfants ne se remettent pas. Ce programme a commencé il y a deux mois... Les docteurs ont bon espoir de parvenir par ce moyen à trouver une solution. "

Diana remercia l'homme de l'avoir renseignée et ressortit de la chambre le plus rapidement qu'elle le put. Elle s'avança dans les couloirs, sans but précis. Elle arriva dans une zone qu'elle ne connaissait pas.

Les couloirs étaient marqués par une bande de couleur jaune qui les coupait horizontalement. Elle passait devant des portes dont une petite partie était une vitre encadrée d'une ligne de bois peint en jaune. Soudain, elle crut voir quelquechose.

Elle s'arrêta.Elle se demandait si elle avait vraiment vu ce qu'elle croyait avoir vu...

Diana fit quelques pas en arrière, lentement, pour pouvoir regarder plus longuement.

Les mots de Peter lui revinrent en mémoire. " Vous êtes un assassin, tout autant que les autres. Je n'ai pas pu identifier mon fils... Il était bien trop défiguré. Un abominable tueur en série, m'a dit la police... Seul un examen de sa dentition a permit de savoir... "

Devant ses yeux, dans la petite salle, se trouvaient trois corps d'enfants. Deux d'entre eux étaient abominablement défigurés...

Soudain, un individu vêtu d'une blouse entra dans le champ de vison limité autorisé par la petite vitre. Il ne la remarqua pas. Il avait un ustensile à la main. Un outil chirurgical. Il l'approcha lentement du visage du troisième enfant, tandis que Diana fermait les yeux et s'effondrait, se laissant glisser contre le mur en face de la porte...

 

Diana pénétra dans le bureau de Strughold comme une furie. Un agent de sécurité, posté là en permanence, l'arrêta. La secrétaire lui demanda de se calmer. Mais Diana ne cessait de répéter la même chose : " Je veux voir Strughold ! Je veux le voir maintenant ! ".

Peu après s'être écroulée en face de la salle des horreurs, une idée avait traversé son esprit. Elle s'était précipitée ici.

Strughold entendit le tumulte et reconnut la voix de Diana.

" Elle sait ", dit-il à l'Homme à la Cigarette en se levant.

Il entrebâilla la porte et jeta un regard. Diana le vit aussitôt, et se calma.

" Strughold ! Je dois vous parler !

- Qu'y a-t-il, Diana ? Vous devriez vous reposer. Vous avez eu une dure journée.

- Son nom... Quel était son vrai nom ?

- Je suppose que vous voulez parler de Peter Lohmeyer ?

- Quel était son vrai nom !

- D'après notre enquête préliminaire, sa véritable identité était Josef Kriener.

Diana resta prostrée, incapable d'avoir même une pensée cohérente.

Kriener... Comme Andreas Kriener...

- Vous devriez vraiment aller vous reposer, Diana. (Il s'adressa au garde :) Conduisez-là à sa chambre, s'il vous plaît.

- Ce que j'ai vu aujourd'hui...

Elle ne parvint pas à finir sa phrase.

- Strughold, reprit-elle, vous n'êtes qu'un boucher.

- Diana, vous ne mesurez pas vos paroles. Vous y réfléchirez quelques jours, et vous comprendrez que certains sacrifices sont nécessaires. Nous devons tout faire pour tenter de nous prémunir de l'holocauste qui se prépare. Ils veulent nous contaminer de manière globale ; faire de nous des esclaves inconscients ! Nous ne pouvons pas nous permettre de nous apitoyer sur le sort de quelques-uns quand la survie de notre race est en jeu. Seul l'avènement d'une nouvelle humanité nous permettra de survivre.

Diana ne pouvait cacher son mépris et son dégoût. D'autant plus que l'Homme à la Cigarette lui avait fait part de certaines informations sur le passé trouble de Strughold. Sur son implication dans de terribles événements, 50 ans plus tôt...

- Une nouvelle humanité… ? De quel genre, Strughold ? Plus belle ? Plus " pure " ? Plus blonde, peut-être ? "

Diana quitta la pièce sans un mot de plus...

***

Une semaine plus tard, Diana était dans son appartement de Berlin. Elle n'avait pas repris ses recherches. Elle n'avait pas l'intention de le faire. Il n'était pas question qu'elle amène à nouveau des cobayes à Strughold... Ses journées passaient lentement, sans rythme et sans activités. Elle ne faisait guère que parcourir son courrier et feuilleter le journal...

Ce jour-là, son attention fut attirée par une lettre du bureau local du FBI. Le Directeur Adjoint en poste depuis 8 ans ici se retirait. Le D.A. Paul Cornell allait reprendre le poste...

Le journal ne fit guère que lui rappeler que rien, décidément, ne semblait bien se passer ici bas... Mais elle ne put éviter un petit entrefilet en bas d'une page...

" Le corps d'une jeune fille de 12 ans a été découvert tôt hier, vendredi 23 février. La police a commencé son enquête qu'elle oriente vers la piste du tueur en série. Le visage de l'enfant était en effet défiguré. C'est le neuvième corps que l'on découvre dans cet état en Europe, mais la nature internationale de ces meurtres rend le recensement particulièrement difficile... "

Bouleversée, Diana se décida à décrocher le téléphone...

 

Il était plus de 22 heures quand Fox Mulder rentra chez lui... Cette affaire lui donnait du fil à retordre. Robert Patrick Modell était un individu extrêmement dangereux. Et malin qui plus est.

Il interrogea son répondeur. " Vous avez un message "

" Fox ? Fox, tu es là ? Non… Quelle heure est-il ? Tu dois sûrement travailler, c'est le milieu de la journée chez toi... C'est Diana, Fox. Diana Fowley. Je... Je ne t'ai pas parlé depuis tellement longtemps. A vrai dire, je n'ai même pas vraiment eu de tes nouvelles. J'espère que tu va bien. J'aurais voulut te parler, mais... c'est peut-être mieux ainsi finalement... Au revoir, Fox. ".

Fox appuya sur un bouton du répondeur.

" Message effacé ".

 

FIN DE LA PREMIERE PARTIE...

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